Pourquoi les artistes modernes et contemporains ont-ils, aussi obstinément, exploré et utilisé les ressources de l’empreinte, cette façon en quelque sorte préhistorique d’engendrer les formes ? – En quoi le jeu, apparemment si simple, de l’organe (la main…), du geste (enfoncer…) et de la matière (le plâtre…) accède-t-il à la richesse et à la complexité d’une technique et d’une pensée de la « procédure » ? – En quoi cette technique, qui d’abord suppose le contact, transforme-t-elle les conditions fondamentales de la ressemblance et de la représentation ? – Quelle sorte de mémoire et de présent, quelle sorte d’anachronisme l’empreinte propose-t-elle à l’histoire de l’art aujourd’hui ?À ces questions le présent essai tente de répondre en retraçant une histoire synoptique de l’empreinte, mais aussi en modifiant nos façons habituelles de regarder l’image dans sa singularité : depuis le modèle optique, voire métaphysique, de l’imitation obtenue vers celui, tactile et technique, de son travail en acte. Cela modifiant par là même nos façons habituelles de comprendre chaque oeuvre d’art – celle de Marcel Duchamp prise ici comme cas exemplaire – dans son historicité : depuis le modèle déductif qui peut nous faire imaginer un mouvement de « progrès » du modernisme au postmodernisme, vers un modèle plus complexe qui tient compte des intrications de temporalités hétérogènes dont toute image est faite.
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