La cause semble entendue : la tragédie grecque est politique. Elle énonce ce que la Cité entend dire sur elle-même. Mais que l'historien ne s'arrête plus au discours, qu'il prête attention à la voix qui s'élève, celle du chant de deuil et de l'oratorio, et la tragédie se révèle sous un tout autre jour - celui de l'antipolitique. Si à l'Assemblée l'emporte ce qui rassemble et unit les citoyens, le théâtre, au contraire, n'a de cesse de rappeler que le politique est conflictuel ; que, sous l'oubli par la Cité de ses divisions amnistiées, demeure le conflit des valeurs, la différence des comportements - ce que toujours illustrent les femmes, puisqu'elles seules, non-citoyennes, portent le deuil de ceux dont la Cité veut oublier la mort. La tragédie est donc le "lien de division", ce qui, au-delà des siècles, nous fait souvenir encore que, plus sûrement que le consensus, le conflit produit l'unité. Réflexion en profondeur sur la tragédie grecque, mobilisant toutes les formes possibles d'analyse, cet ouvrage, à la confluence des travaux antérieurs de l'auteur, en est le couronnement.
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