Selon l'histoire officielle du Burundi, la hiérarchie des castes aurait été abolie. Dans une série d'articles primitivement destinés à divers revues et journaux, l'auteur conteste cette «version des vainqueurs» et affirme qu'au Burundi, le pouvoir est encore fondé sur un système de castes. Par «caste», il entend ce que d'autres appellent «ethnie» - c'est-à-dire les Tutsi qui forment la minorité dominante (10 %), les serfs Hutu (85 %) et les parias Twa ou pygmoïdes (1 %). Le mot «ethnie» cache le fait que depuis des siècles, ces trois couches du «peuple des mille collines» ont en commun une histoire, une langue et un territoire. Seule la volonté de maintenir à tout prix ce système socio-politique irréformable peut expliquer l'exil forcé d'au moins un Burundais sur dix et le génocide récurrent des Hutu par l'armée exclusivement Tutsi depuis trois décennies. Pour que les «dos courbés» se redressent, pour sortir le pays de la barbarie, il faut bien plus que des réformes cosmétiques : il faut abattre la hiérarchie des castes. La parole et la critique sont ici l'arme de l'exilé pour conjurer la guerre civile. L'argumentaire et le style sont convainquants, mais est-il encore temps ?
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