De nouvelles sciences du comportement humain ne cessent de prendre de l'ampleur et de susciter l'engouement depuis le début des années 1990: il s'agit des neurosciences cognitives. Leur ambition est de faire de l'exploration du cerveau le moyen de traiter les pathologies mentales (comme la dépression ou la schizophrénie) mais aussi de nombreux problèmes sociaux et éducatifs, comme l'apprentissage ou la maîtrise de ses émotions. Ces sciences sont-elles devenues le baromètre de nos conduites et de nos vies, prenant la place autrefois occupée par la psychanalyse? L'homme «neuronal» est-il en passe de remplacer l'homme «social»? Alain Ehrenberg montre que l'autorité morale acquise par les neurosciences cognitives tient autant à leurs résultats scientifiques ou médicaux qu'à leur inscription dans un idéal social majeur: celui d'un individu capable de convertir ses handicaps en atouts en exploitant son «potentiel caché». Elles sont la chambre d'écho de nos idéaux d'autonomie. Alain Ehrenberg est sociologue, directeur de recherches émérite au CNRS (Cermes3). Il a créé, en 1994, un groupement de recherches du CNRS sur les drogues et les médicaments psychotropes et fondé, en 2001, le Centre de recherche Psychotropes, santé mentale, société (CNRS-Inserm-université Paris-Descartes). Il est notamment l'auteur de La Fatigue d'être soi et de La Société du malaise.
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