La prévision démographique est à peu près la seule qui soit fiable. L'évolution à long terme d'une population est à la fois lente et presque certaine. Ainsi de la diminution de la population européenne dans les cinquante ans à venir, et plus encore de son vieillissement qui a déjà commencé et qui va s'accentuer. Les conséquences économiques de cette évolution sont d'autant plus prévisibles qu'elles s'inscrivent déjà dans la conjoncture actuelle. L'investissement chute régulièrement, d'autant plus que notre Europe vieillissante a délibérément sacrifié ses dépenses militaires. Il ne sera pas facile pour nos sociétés européennes de s'adapter à ce déclin démographique. Les grands privilégiés ou « intouchables » n'en auront cure. Les « exclus », en nombre croissant, se réfugieront sans contester dans une espèce de marginalisation de bon aloi. Mais la classe moyenne, soit près de 70% de la population, connaîtra de telles tensions entre jeunes et vieux que le conflit inter-générationnel occupera la place laissée par la défunte lutte des classes. Les politiques, piégés, essaieront bien de prévenir une installation définitive de la stagnation, mais ils ne recevront aucune aide d'un corps social qui refusera toute distribution des revenus en faveur des personnes actives et, a fortiori, tout accroissement sensible de la durée de travail. Restera l'inflation, seul lubrifiant éventuel aux ajustements rendus nécessaires par le vieillissement démographique. Mais qui pourrait la prôner ? Encore faudrait-il que l'allongement de la durée de vie cessât : mais quel personnage politique pourrait se risquer à faire campagne sur pareil thème ? Alain Cotta, professeur d’économie à Paris-Dauphine, est notamment l’auteur, chez Fayard, du Capitalisme dans tous ses états, La Société ludique, L’Homme au travail, L’Ivresse et la Paresse, Wall Street ou le miracle américain, et L’exercice du pouvoir.
show more...Just click on START button on Telegram Bot