Les chrétiens au Proche-Orient

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L’évolution démographique des chrétiens en Orient n’est pas une érosion et une dégénérescence sans fin depuis l’avènement de l’Islam. Leur actuel recul s’explique par des causes multiples, parmi lesquelles la faillite récente des idéologies nationalistes compte davantage que le « fanatisme » musulman.Un des problèmes des communautés chrétiennes du Proche-Orient vient de leurs très anciennes divisions entre Églises rivales, ainsi que de leur mode de fonctionnement interne. La construction d’États-nations au cours du XXe siècle, ainsi que l’exode rural et la constitution de diasporas ont posé en des termes nouveaux leur rapport au territoire.À l’heure actuelle se pose la question de l’adaptation des structures communautaires et ecclésiales aux conséquences des « révolutions arabes ». Les Églises, qui s’étaient adaptées aux régimes autoritaires en place depuis des décennies, semblent mal préparées à ces changements.D’autre part, loin de l’idée préconçue de chrétiens qui auraient conservé inchangée une tradition qui remonterait aux origines, leur rapport au passé est un chantier constamment en construction, dans lequel la réaction aux tendances de la société majoritaire et l’apport de l’érudition occidentale jouent un rôle essentiel. Comme les autres, les religions du Proche-Orient sont aujourd’hui exposées à la globalisation et à l’individualisation du croire.Les chrétiens du Proche-Orient font aujourd’hui l’objet, après une période marquée par une certaine indifférence à leur égard, d’une attention éditoriale soutenue. Mais le plus souvent pour s’alarmer de leur situation difficile en pays d’Islam et du risque de leur disparition prochaine. À la nostalgie d’un âge d’or où le christianisme était florissant en Orient se marie la compassion pour les perpétuelles victimes des musulmans.
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Philosophe et historien, Bernard Heyberger est directeur de l’Institut d’études de l’Islam et des sociétés du monde musulman à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales.