Le vote de la loi du 17 mai 2013, instituant le mariage de même sexe, a suscité en France une réaction paradoxale. D’un côté, la réforme a recueilli une adhésion massive au sein de la population, en particulier chez les jeunes. De l’autre, elle a soulevé l’opposition résolue d’un camp traditionaliste, minoritaire dans le pays, mais qui a réussi à fédérer tout un ensemble d’interrogations et d’inquiétudes et a rassemblé des foules impressionnantes.De ce paradoxe naît une question : celle du rapport entre l’avènement de l’égalité des sexes et les transformations de la famille. Avec le « mariage pour tous », nous n’avons pas seulement donné des droits à une minorité. Nous avons pensé autrement notre condition sexuée. Nous avons remis en cause le dispositif institutionnel qui avait, il y a deux siècles, présenté la complémentarité hiérarchique du masculin et du féminin comme l’horizon indépassable des rapports de sexe, inscrit dans la nature même. Désormais, nous n’avons plus la même idée ni du genre, ni de la famille.Ce bouleversement n’a jamais été ni expliqué, ni assumé. Pourquoi ? Parce que ces questions de société sont jugées « mineures », accessoires. Pour comprendre cette nouvelle révolution sexuelle, il faut retrouver le sens du temps long et la continuité des événements, donner à voir les conflits, les tensions entre aspirations contradictoires, et permettre aux sociétés de s’approprier leur propre changement.
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