

La rhétorique classique définissait la métalepse comme la désignation
figurée d'un effet par sa cause ou vice versa, et plus
spécifiquement la métalepse «de l'auteur» comme une figure
par laquelle on attribue à l'auteur le pouvoir d'entrer lui-même
dans l'univers de sa fiction, comme lorsqu'on dit que
Virgile «fait mourir Didon» au IVe livre de l'Énéide. De cette
façon de dire, la narratologie moderne s'est autorisée pour
explorer sous ce terme les diverses façons dont le récit de fiction
peut enjamber ses propres seuils, internes ou externes : entre
l'acte narratif et le récit qu'il produit, entre celui-ci et les
récits seconds qu'il enchâsse, et ainsi de suite. Mais la fiction
littéraire n'a pas le monopole de ces pratiques transgressives,
et l'on tente ici d'en évoquer quelques effets, désinvoltes ou
inquiétants, qu'on trouve à l'oeuvre dans d'autres arts : en
peinture, au théâtre, au cinéma, à la télévision, partout en
somme où la représentation du monde, d'Homère à Woody
Allen, se met elle-même en scène, en jeu, et parfois en péril.
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