Les femmes de droite

Peu d’ouvrages d’Andrea Dworkin ont été traduits en français. Right Wing Women, d’abord paru aux États-Unis en 1983, est ici traduit pour la première fois. Pour Christine Delphy, qui signe la préface de cette édition, « La première raison du silence fait sur elle est sans doute que Dworkin est radicale. Elle écrit sur un sujet qui, alors qu’on prétend en parler, est en réalité toujours aussi tabou : la sexualité, et plus précisément l’hétérosexualité, et plus précisément encore, sa pratique et sa signification dans un contexte précis : la société patriarcale. Elle parle de sexualité dans un régime de domination, et de sexualité entre dominants et dominées. » Dworkin cible en particulier les « femmes de droite », celles qui choisissent de ne pas lutter contre le patriarcat et les rôles traditionnels. Celles qui, au contraire, s’en revendiquent. Aujourd’hui, ce sont les Sarah Palin, Michele Bachmann et autres « mamans grizzli » qui continuent d’affirmer que le rôle le plus important des femmes est celui de mère et d’épouse, qui en appellent à la religion pour soutenir cette idée et qui multiplient les attaques contre l’avortement ou l’homosexualité, et reçoivent un appui important de plusieurs élus : « Dans les seules années qui ont suivi les scrutins de 2008 et 2010, un législateur de la Géorgie a proposé de modifier les lois de l’État traitant de la question du viol pour que les femmes y soient décrites non pas comme « victimes » mais comme « accusatrices » (accuser). D’autres législateurs républicains du Dakota du Sud ont proposé une loi visant à permettre aux proches de femmes demandant un avortement d’assassiner le ou la médecin pratiquant l’intervention. À Washington, en février 2011, les républicain-e-s de la Chambre des représentants ont tenté de faire adopter une mesure dont le but était de permettre aux hôpitaux opposés à l’avortement de refuser d’offrir ce service même aux femmes devant interrompre leur grossesse pour sauver leur vie. » - Frédérick Gagnon, extrait de la postface Presque 30 ans plus tard, les mots d’Andrea Dworkin n’ont rien perdu de leur urgence. Andrea Dworkin est radicale, son propos souvent choquant, sa plume brutale mais nécessaire et, malheureusement peut-être, toujours pertinente.