On sait que, dans l'Antiquité, la persécution de Dioclétien fut une des plus violentes qu'aient eu à subir les chrétiens, mais aussi qu'elle se termina par la reconnaissance officielle de leur religion. La " grande persécution " était en quelque sorte l'ultime combat du paganisme dans un monde pour une large part christianisé. Ces circonstances expliquent sans doute la tournure singulière que prend alors la polémique antichrétienne. Les persécuteurs eux-mêmes se joignent aux polémiste : ainsi Sossianus Hiéroclès, gouverneur de Bithynie et préfet d'Égypte pendant la persécution, se dit l'" Ami de la Vérité " pour démontrer aux chrétiens leurs erreurs. Bien plus, apologiste du paganisme, il exalte, en face du Christ et des récits évangéliques, l'" homme divin " dont Philostrate avait écrit la vie et auquel certaines villes d'Asie rendent un culte : Apollonius de Tyane. C'est contre cet aspect persuasif de la polémique antichrétienne que réagit vigoureusement Eusèbe de Césarée, et il met, au service d'une cause qui prend une importance particulière en Orient, un style incisif auquel nous avait peu habitués l'auteur de l'" Histoire ecclésiastique " ou de la " Préparation évangélique ". Au moment où l'Église sort victorieuse du combat qu'elle soutenait depuis ses origines – mais où il lui reste beaucoup à faire pour extirper des esprits la croyance dans les pouvoirs des divinités païennes – le " Contre Hiéroclès " reflète le conflit, toujours actuel, entre les séductions du monde et la Révélation divine.
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