L'œuvre de Perec propose, comme celle de Baudelaire, mais sous le couvert, plus immédiatement accessible, d'un inventaire des « espèces d'espaces », l'expérience ascétique d'une suspension - voire d'une sortie - du temps : authentiquement vécue lors du voyage en cargo vers Ellis Island, elle constitue l'aboutissement de
La Vie mode d'emploi, dans la révélation finale de l'
instant fatal qui en englobe rétrospectivement toute la fiction, et n'est probablement directement énoncée, presque au terme de l'œuvre, que dans le bref poème « L'Éternité », un des deux textes que Perec dit avoir écrits sans contraintes. C'est pourquoi « Je cherche en même temps l'éternel et l'éphémère », la phrase des
Revenentes choisie pour être l'épigraphe du dernier chapitre de
La Vie mode d'emploi, est qualifiée par Perec de « peut-être celle que j'aime le plus de tout ce que j'ai écrit ». L'objet de ce livre est donc de considérer dans cette optique l'ensemble des écrits de Georges Perec -
La Vie mode d'emploi, bien sûr, mais aussi des textes moins fréquentés (la poésie non contrainte, la prose critique...) - pour construire une lecture cohérente de cette œuvre majeure du XXe siècle. En croisant dans cette perspective les trois catégories du sujet, de l'écriture et du style, on se propose de montrer que la sortie du temps - aussi improbable soit-elle - constitue manifestement, pour Perec, la
fin de son écriture, au sens où elle définit l'expérience même procurée par la littérature.
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