Au printemps de 1750, la peur et la violence s'installent dans Paris. On raconte que la police enlève des enfants en pleine rue et qu'elle les fait disparaître ; on dit encore qu'elle les envoie aux Amériques, ou qu'on les vide de leur sang pour guérir au palais un prince malade. La rumeur court les rues et, pendant quelques semaines, elle nourrit l'émeute et lui donne sa forme.
Au plus près des sources qui composent aujourd'hui une révolte de papier, on peut tenter de lire un événement qui est trivial et qui est unique. On y reconnaît les contours d'un grand jeu social dans lequel chacun des partenaires improvise son rôle tout en se conformant à d'anciens canevas et peu à peu découvre la signification de son action. L'émeute devient une scène collective. Dans la litanie des gestes et des cris, des cortèges et des violences, la foule débat de l'ordre et -du désordre, elle rappelle à l'autorité la règle du jeu et, parfois, elle l'impose ; elle s'invente aussi des raisons d'être ensemble. Dans la rumeur, elle murmure enfin un secret plus grave : "Le peuple n'aime plus ses rois qu'il a tant aimés.".
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