Le capital fictif: comment la finance s’approprie notre avenir

On explique souvent les turbulences des marchs financiers par l'immoralit des agents, les errements de la thorie conomique ou les rglementations inadaptes. Bien que ces explications ne soient pas fausses, elles laissent de ct le principal problme : la nature et l'origine de la valeur financire. C'est ce mystre que Cdric Durand propose d'lucider. A partir du concept de capital fictif, il soutient que la finance prempte la production future, s'approprie de la richesse qui reste crer. S'appuyant sur des donnes comparatives couvrant les quatre dernires dcennies, il montre que l'accroissement des dettes publiques et prives, l'essor des produits financiers, l'affirmation de la norme de cration de valeur pour l'actionnaire, ou encore l'action des pouvoirs publics en faveur de la stabilit financire participent d'un mme dispositif de domination sociale et politique. Le capital fictif pourrait n'tre qu'un tigre de papier... Mais il mord ! Par la financiarisation, le capital s'est arrog un pouvoir dont on ressent aujourd'hui toute la violence. Si la sophistication financire a permis un temps de masquer la dconnexion croissante entre l'puisement de la dynamique productive et les exigences du capital, la crise de 2007-2008 a fait tomber le voile. L'hgmonie financire se pare des atours libraux du march, mais chaque fois que les marchs s'effondrent, le capital fictif se tourne vers le politique pour mieux presser son profit les corps sociaux.