Dans une première partie, l'auteur s'emploie à montrer, sous ses aspects multiples dont certains pourraient donner le change, la volonté de la littérature actuelle de rompre brutalement avec les mœurs de l'intellectualisme et de constituer une activité spécifique, celle de la littérature pure ; entre autres sa volonté, maintes fois signifiée par ses représentants les plus patentés, de ne valoir que par la forme et de tenir l'idée pour de nulle importance. C'est ce qu'il appelle l'attitude byzantine de cette littérature. Dans une deuxième partie, l'auteur se demande si l'anti-intellectualisme, et plus généralement le byzantinisme, ne serait pas l'essence même de la littérature, l'histoire consistant dans une succession d'intrusions de l'intellectualisme dans la littérature puis de contre-attaques de celle-ci pour recouvrer sa vraie nature. Il montre ce double mouvement dans la littérature grecque, dans la littérature latine, dans la littérature française, où le retour de la littérature à sa pureté native connaît enfin, avec les Gide, les Valéry, les Giraudoux, un triomphe total. Il esquisse à ce sujet une psychologie originelle du littérateur, qui semble n'avoir été jamais tentée. Il termine en se demandant si cette littérature byzantine ne pourrait pas connaître, en raison notamment des circonstances politiques, un avenir beaucoup plus assuré que certains ne croient. Julien Benda (1945)
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