Si la devise du Québec sombre parfois dans l’oubli, ce livre s’impose tel un véritable devoir de mémoire envers les pionniers du cinéma de fiction LGBTQ+ québécois : « Je me souviens » de ce premier et courageux aveu queer de Claude Jutra dans À tout prendre, ainsi que de l’exploration par André Brassard et Michel Tremblay dans Il était une fois dans l’Est d’une faune colorée affirmant son existence dans un quartier modeste de l’est de Montréal. Ce livre commémore et conjugue ces deux fleurons de la cinématographie québécoise qui mettent en scène des représentations gaies, lesbiennes et trans pionnières dans les années 1960 et 1970. Malgré une réception critique empreinte parfois d’homophobie au Québec et un relatif silence à l’intérieur d’un Canada majoritairement anglophone, ce cinéma francophone fera néanmoins entendre sa voix à l’international, en Europe comme aux États-Unis, impressionnant des cinéastes comme Truffaut et Cassavetes. Ces films passent ainsi à l’histoire. Sous la loupe de la sociologie, Julie Vaillancourt analyse ces films au rythme d’événements sociopolitiques marquants, de la Révolution tranquille à la révolution sexuelle, des mouvements de libération homosexuels à ceux des femmes, sans oublier la question identitaire nationale. L’ouvrage présente également un état des lieux plus de cinquante ans après la décriminalisation de l’homosexualité au Canada. Vu l’influence de ces cinéastes auprès de la jeune génération, dont Xavier Dolan, les legs sont nombreux et invitent les comparaisons réaffirmant le caractère novateur de ces deux films pionniers. Ce livre revisite À tout prendre et Il était une fois dans l’Est pour démontrer leur importance artistique et sociale au moment de leur création ainsi que leur héritage durable dans le contexte du cinéma queer mondial.
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