Plongeant dans les archives des organisations internationales – l’ONU et ses agences, en particulier mais aussi des organisations non gouvernementales et de grandes fondations privées –, Sandrine Kott nous dévoile une autre histoire de la guerre froide. Ces organisations, où se rencontrent et s’opposent des acteurs issus de mondes en conflit, se révèlent être des lieux d’élaboration en commun de savoirs et de projets. Elles rendent possible et encouragent des internationalismes structurés autour de causes qui tout à la fois rassemblent et divisent : droits de l’homme et de la femme, paix, écologie... Elles promeuvent l’idée qu’il est possible d’organiser le monde en régulant ses déséquilibres et ses contradictions. Enfin et surtout elles donnent la parole à une multitude d’acteurs négligés dans les grands récits, en particulier ceux du « tiers monde » dont les revendications de justice ont puissamment marqué l’agenda international de la période. À la guerre froide a succédé l’ère du globalisme marquée par la généralisation des logiques de concurrence. Leur triomphe met en danger les espace de débats internationaux comme les projets de régulation et d’organisation du monde dont les sociétés humaines et leurs environnements naturels auraient, pourtant, plus que jamais besoin. Sandrine Kott est professeure d’histoire contemporaine de l’Europe à l’université de Genève et professeure invitée à l’université de New York (NYU). Elle a publié notamment, Le Communisme au quotidien. Les entreprises d’État dans la société est-allemande, (Belin, 2001) et, avec Michel Christian et Ondrej Matejka, Planning in Cold War Europe. Competition, Cooperation, Circulations (1950s-1970s) (De Gruyter, 2018).
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